Archives du Cantal

Poissons d’avril

Barrage sur la Jordanne
Barrage sur la Jordanne
Parcomètres au stade
Parcomètres au stade
Tunnel au Puy Mary
Tunnel au Puy Mary

L’origine du poisson d’avril n’est pas très claire. Déjà cité par le duc de Saint-Simon dans ses Mémoires, le poisson d’avril semble remonter à la fin du XVIe siècle. Avec l’abandon du style de l’Annonciation au profit du style du 1er janvier, l’année cessa de commencer au 25 mars ; mais les mystifications à visée comique furent comme de fausses étrennes du 1er avril, ce faux 1er janvier. Pourquoi « poisson » ? On est alors en pleine saison de la pêche, en plein Carême, durant lequel est consommé le poisson ; on sort aussi du signe zodiacal du poisson (le 20 mars) ; et il n’est pas rare de manger, aujourd’hui encore, des poissons en chocolat à l’occasion de Pâques.

Au XXe siècle, le poisson d’avril est une tradition bien ancrée dans la presse française. Le quotidien La Montagne n’y fait pas exception. Cinq poissons, datés de 1978 à 1988, sont ici présentés ; ils sont dus aux talents photographique et littéraire de Jean Loussert.

Le premier fit sursauter les édiles : « Une désagréable surprise pour les Aurillacois : 350 parcomètres en cours d’installation aux abords du stade Jean Alric et du parc Hélitas ». A cause de la « précarité des finances de la mairie », les supporters du Stade auront à s’acquitter d’une somme non négligeable ; le standard de la mairie ne cessa de sonner le matin du 1er avril 1978…

En 1980, on annonce que les 9 Fouga Magister de la patrouille de France s’entraînent depuis Tronquières et vont survoler Aurillac, au-dessus duquel ils évoluent … comme des poissons dans l’eau. L’article, en effet, finit toujours par un clin d’œil qui permet au lecteur, s’il est perspicace, de comprendre la mystification.

En 1982, on détaille, croquis à l’appui, la création d’un barrage sur la Jordanne (« rivière à truite ») à Mousset de Velzic ; le lac, d’une superficie de 190 ha, devait noyer Velzic et remonter jusqu’à Lascelle.

Ce qui est troublant, c’est que certains poissons deviennent réalité : la passerelle au-dessus de la gare, annoncée en 1984, s’est ainsi réalisée plus tard – sans le péage d’un franc annoncé par Loussert.

Enfin, en 1988, on annonce, pour grimper en haut du Puy Mary, un tapis roulant et des escalators recouverts d’un tunnel vitré à péage (comme les « parcomètres » de 1978 et la passerelle de 1984), comme à Roissy. Certes cela produira quelques dégâts environnementaux ; mais, comme conclut avec bonhomie l’auteur, on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs !

Comme on le voit, les poissons les plus « hénaurmes » sont les plus réussis ; un poisson réussi, c’est aussi celui qui déclenche le plus de colère et le plus de rires – en général pas chez les mêmes lecteurs.

Partager sur